15 février 2006

10 Mois de vacances (2ième partie)


LES CLASSES (1)



On y était. Pforzheim. Du moins le camp militaire de Pforzheim (qui aux dernières nouvelles n’existe plus). Perception rapide de la chambrée, de ton lit, et tout de suite dans le bain. Direction l’ordinaire. La cantine en clair, …, mais le militaire, sûrement par souci de rime (il est poète le militaire) a appelé ça « l’ordinaire ». A moins qu’ailleurs une meilleur cantine existe et soit appelée Super (ça rime encore, …, trop fort !), …, je ne vois pas d’autre explication. On mangeait à 18 H 30. C’était tôt. Bon j’irais pas dire que c’était de la grande restauration, mais force est de constater que par rapport à ce qui nous attendais par la suite, c’était du niveau maxim’s (Oui, je vous en reparlerai une autre fois).

Le lendemain, nous percevions notre paquetage. Une superbe garde robe Kaki. Plus un survet bleu bien connu sous le nom de schtroumpf.
Dehors, on frôlait le – 20 C° … autant dire, que vite fait tu repères la parka bien chaude (du moins, le truc le plus chaud dans les fringues que l’on vient de te remettre). Mais là, …, commencent les problèmes. Ceux qui n’ont pas réussit à se faire réformer et qui tentent un dernier baroud d’honneur. Donc, il y a la tentative de « moi, monsieur je ne porte pas de kaki » … Ce à quoi le militaire de base, qui même s’il n’a pas la lumière à tous les étages, répond : « Pas de problème, tous le monde en short blanc, T-shirt bleu et tennis. Ça vous va là, y’a pas de kaki. Et Dehors au rapport dans 5 minutes ». Tu fais des tours de place d’armes (pour résumé, tu tournes en rond en marchant au pas par – 20 C°, pendant quelques heures). Tu fais ça pendant deux jours, puis la masse fait légèrement comprendre aux anti kaki, que finalement c’est une couleur acceptable, …, certes pas de très bon goût, …, mais acceptable.
Une fois cet obstacle levé, nos amis réformistes se doivent de trouver un nouveau concept. Et je ne sais pourquoi, l’imagination humaine cherche toujours dans la même direction. Les deux trois volontaires choisirent la voie de la folie. Nous avions donc un spécimen qui s’obligeait à ne pas dormir (bien chiant pour ces voisins de chambrée, car il faisait les 100 pas toute la nuit pour rester éveillé) et à ne pas manger (du moins le minimum vital). Au bout d’une semaine, il était livide, avec 2 en puissance physique. Les autres moins téméraires, ce jetèrent corps et âmes dans un rôle de « ‘tain j’deviens fou ici » … avec jetage de leur propre personne sur des portes, des murs, voire porte vitrée et merde je m’a coupé la main. Ce qu’il ne savait pas, c’est que nos amis militaires (cf. la précédente annotation sur cette charmante corporation d’électriciens) prévoyaient toujours cette hypothèse. Et ils incorporaient toujours plus de bleusaille qu’il n’en avait besoin. Ils firent donc les mecs têtus, et attendirent la fin des classes pour en renvoyer certains dans leurs domiciles. Et en plus, pas tous ceux qui voulaient se faire passer pour fous.

Puis au début des classes, on était aussi piqué. Une piqûre qui faisait office de vaccin contre une multitude de maladies. La taille de la piqûre défiait toute concurrence. Nombre d’entre nous eurent de fortes fièvres (ça va j’y ai échappé), d’autres eurent un dédoublement de l’omoplate (là, j’y ai eu droit …) ne permettant pas de dormir. 24 heures d’enfer. Bon, une fois cela fait, les choses militaires de la vie reprirent leur droit. Lever à coup de rangers dans la porte à 6 H 00, petit déjeuner, vadrouille en forêt de bon matin par températures négatives, puis cours d’instruction militaire. Comment reconnaître mes ennemis, connaître mon matériel, utiliser mon matériel, etc. Et puis comme j’avais eu la chance d’être sélectionné pour incorporer la Brigade Franco Allemande sans connaître un seul mot de la langue de Goethe, j’ai eu droit avec mes camarades à des cours d’allemand. Disons un par semaine. Donc finalement pas de quoi baragouiner des masses. Et puis comme on était enfermé dans notre caserne, pas facile pour pratiquer … si vous voyez ! Mais l’armée, dans sa grande générosité nous avez remis un petit guide pour pouvoir le cas venant, nous débrouiller. Le petit livre vert (normal, nous étions en Allemagne). Comme je suis gentil je vous mets quelques phrases très utiles figurant dans ce petit livre :

- Wann fängt die vorstellung an ? (A quelle heure commence le spectacle ?)
- Ist das frühstück im preis einbegriffen ? (Le petit déjeuner est-il compris dans le prix de la chambre ?)
- Ich habe einen Vergaserdefekt (J’ai une panne de carburateur)

Autant vous dire tout de suite que celles-ci je les plaçais tous les jours dans mes conversations.
Parallèlement à tout ça, nous avions aussi des super corvées. Des TIG terribles. Les meilleures étaient passer la serpillière dans le couloir en béton de la cave du bâtiment de l’escadron, ramasser les feuilles mortes et les mégots dehors sur la neige. Bon, les corvées de chiottes, …, pas la peine d’en parler.
Bon an mal an, les jours se suivaient, et une certaine déprime s’emparait de moi. Qu’est ce que je foutais là. C’était sympa, on apprenait à chanter (même dans une mare avec de l’eau jusqu’aux seins par – 5 C° … Ben la marseillaise t’arrives encore à la gueuler pour rentrer dardar à l’escadron), à marcher au pas, à tirer, à courir, à résister au froid, …, mais bon on était quand même traité comme des sous merdes. Au bout de deux semaines, les gradés organisèrent une réunion d’orientation pour savoir vers quel poste nous allions être orientés. Mais là, une quarantaine de pèlerins dont je fis parti, furent mis de côté. Nous, c’était pas la peine. Finalement nous finîmes par apprendre que nous changions de caserne, et que nous étions là que pour nos classes. Pour notre futur, au sein de la grande muette, on viendrait nous en dirent plus dans quelques jours. Et deux jours avant de partir en permission de noël, nous avons effectivement reçu la visite d’un capitaine, qui nous annonça que nous allions être transféré courant janvier à Mullheim au sein, accrochez vous, de « l’escadron d’éclairage de la Brigade Franco-Allemande », autrement appelé en Jargon militaire l’EEBFA. Et j’eu l’immense joie d’apprendre que j’allais passer mon permis poids lourd, malgré que j’émette des réserves, n’ayant déjà pas celui pour les véhicules de tourisme. Mais bon, nous étions chez des gens qui pensaient pour nous. Alors après trois semaines de galère, en route pour la permission. Ma déprime ne s’en porterait que mieux.


A SUIVRE …

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