12 mai 2006

Yellow Sunshine

Vendredi 13. Robert, part au travail. Au passage il prend la poubelle que Simone (elle lui a dit que si elle était encore là ce soir, il pourrait monter une fabrique de ceintures et qu’il serait privé de dessert jusqu’à la St Glinglin …) a laissé dans la cuisine. Il se dépêche, sinon il va louper celui de 7 H 46, …, et après il sera en retard, et Gontran, son supérieur, l’enguirlandera une nouvelle fois. Robert a un peu couru sur les 100 derniers mètres, mais il a eu son train. Il est arrivé à l’heure. Une jeune fille l’a regardé. Elle a souri bêtement. Robert se dit qu’elle a intérêt à en profiter. Un jour ça passe. Pour l’instant Robert n’arrive pas à démarrer son ordinateur. Il appuie sur « Reset » … mais de nouveau le message de l’erreur inopinée sur la partition de boot survient. Il décroche son téléphone, et compose le numéro de la maintenance informatique. Jean-Claude doit être arrivé se dit t’il. Il ne remarque même pas qu’il n’y a pas de tonalité. Quand il s’en aperçoit enfin, il se dit que ce n’est vraiment pas son jour. D’ailleurs, c’est bizarre, il n’a croisé personne dans les couloirs en arrivant. Ça l’intrigue. Il ressort et effectivement il n’y a personne. Même le bureau de ce connard de Gontran, qui n’a rien d’autre à foutre que de constater les retards et à faire péter son grade, est vide. Robert est interloqué. D’ailleurs en parlant de loquet, il se dit qu’il irait bien voir derrière celui menant vers la partie réservée à la direction. Et magiquement la porte s’ouvre. Robert se dit qu’il y a vraiment quelque chose de louche.

La direction. Le saint des saints. Et pas une âme qui vive. Robert se gratte le menton. Soudain la porte de derrière qui s’ouvre. Une parfaite inconnue rentre précipitamment. Affolée. Robert la regarde. Elle est d’une beauté à couper le souffle. Elle regarde à droite et à gauche, en panique. Puis elle le voit. Elle court vers lui. S’arrête à 50 centimètres. Elle se met à parler. Un torrent de parole. Robert comprend seulement qu’elle est sortie de la bouche de métro, et que là elle s’est aperçu qu’il n’y avait personne. Pas de voitures, de piétons. Rien. Elle est redescendue … et là aussi, plus rien. Alors elle est ressortie et est entrée dans le premier immeuble qui venait. Et la voilà qui venait de pousser la porte. Robert se gratta la tête. Qu’est ce que c’était que cette merde. Ils l’emmena dans son bureau, prit son blouson, puis allèrent dehors. Tout ce vide, ça en devenait suffocant. Au bout de deux heures de déambulation en ville, ils n’avaient toujours pas croisé âme qui vive.
Robert prit les choses en mains. La fille semblait s’être calmée. Ils décidèrent que quitte à être seuls, autant l’être dans le luxe. Ils allèrent donc place de la concorde, et prirent ce qui se faisait de mieux dans l’hôtellerie. Ils prirent deux suites communicantes. Ils y avaient assez de provision pour tenir un certain temps. Robert ne voulut pas se projeter jusque là …

Deux semaines plus tard, leur quotidien était assez morne. Le désespoir s’était fait jour. Il avait suivi l’espoir de se réveiller dans son lit, comme si rien ne s’était passé. Justine, tel était le nom de sa co-prisonnière, et Robert avaient eu beau retourner la situation dans tous les sens, ils n’avaient nul idée de l’origine d’une telle situation.
Les jours passèrent … les semaines … Ils devinrent de plus en plus proche. Au bout de deux mois, ils se décidèrent à franchir le pas. Ils en étaient arrivés à la conclusion, peut être erronée, que Dieu avait peu être voulu repartir à zéro. Une sorte de déluge des temps moderne. Ils étaient les nouveaux Adam et Eve. Le père et la mère d’une nouvelle humanité. Ce fut torride et magique. Neuf mois plus tard naquit Angèle. Le premier enfant n’était pas un garçon, ce qui était un bon pressage, se dirent t’ils. Quinze mois plus tard, Vincent vit le jour. Robert avait transformé le Jardin du Luxembourg en potager. Les denrées des frigos, congélateurs et autres magasins étant devenu périmés avec le temps. Robert avait trouvé au bout du troisième mois des chevaux de la garde républicaine, qui par il ne savait quel miracle, étaient encore en vie. Mal en point, mais vivants. Pendant la première grossesse de Justine, il s’était aventuré avec dans la campagne environnante. Il avait fini par trouver des poules, des vaches, …, enfin toutes sortes d’animaux qu’il ramena en ville. Il y avait suffisamment de place. Il eut beaucoup de mal à tuer son premier taureau.

Les années passèrent. Justine et Robert avaient eu sept enfants. Ils devinrent grands parents … puis arrières grands parents … Et un soir, Robert se sentit las. Il alla se coucher. Et ne se réveilla pas … Du moins dans ce monde là. Car dans un sursaut, Robert se redressa sur son lit brusquement … Et merde, …, Simone l’avait laissé se rendormir … Il allait encore être en retard … En partant il oublia la poubelle … Simone allait encore gueuler ce soir … Mais putain quel rêve …

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